LA CHRONIQUE DE ROMAIN BOFI – Une palpitante 52ème Cocarde d’or, Siméon devant Chomel

LA CHRONIQUE DE ROMAIN BOFI – 1983 – Une palpitante 52ème Cocarde d’or, Siméon devant Chomel

Il faisait très beau et le public était venu très nombreux à ce grand rendez-vous annuel que d’aucuns ne voudraient manquer, et naturellement avec les retrouvailles de tous ces afeciounado et gens de bouvine l’ambiance des grands jours est vite créée même bien avant la course. Cette année 1983, il y avait à l’affiche Pascalet de Rébuffat, Scorpion de Blatière, Segren de Guillierme, Charlot de Ribaud, Trajan de Lafont, Aspirant de Lhoustau-RouquetteMitron de Laurent, face à tous les As du crochet sans aucune limitation. Alors on compta jusqu’à 52 tenues blanches en piste, tourneurs compris.

Dès leurs apparitions, à la sortie du premier taureau Pascalet, des sifflets nourris les accueillirent, une grande partie du public voulant montrer sa désapprobation. Mais cela ne dura pas et les premiers applaudissements saluèrent les magnifiques rasets de Christian Chomel face à Pascalet, en garde devant le toril et qu’il fallait consentir dans son terrain pour le pousser à riposter et pouvoir ainsi crocheter dans de bonnes conditions. Aussi, quand Chomel s’empara en des cites stylés du second gland et du frontal, ce furent les premières ovations. 3 points pour le favori dès le premier taureau.

Avec le second, Scorpion, beaucoup trop mobile, la « pagaille  » s’installa en piste. Jacky Siméon en 2 coups de crochets heureux, prit les deux glands (4 points) et Christian Chomel qui, lui aussi ne négligea aucune occasion, s’octroya les deux ficelles (3 + 4 = 7 points). La lutte pour le titre était engagée.

Alors sortit Segren, troisième cocardier. Avec lui, les tenues blanches s’assagissent quelque peu et bon nombre de raseteurs
deviennent plus prudents, d’autant plus que le taureau ne s’en laisse pas conter et sait le plus souvent se dégager de l’emprise des
hommes par de judicieux déplacements et de dangereuses ripostes. Chomel coupe la cocarde (7 + 1 = 8 points) mais Jacky Siméon enlève la cocarde et le second gland (4 + 4 = 8 points). Égalité.

Le ton monte sur les gradins alors que le cocardier de Mlle Guillierme fait la loi et les points sont doublés. La lutte est très belle et finalement c’est Chomel qui s’empare de la première ficelle sous la grande ovation (8 + 4 = 12 points). A l’entracte, Christian Chomel est donc en tête avec 12 points devant Jacky Siméon (8 points). Les autres sont déjà distancés.

Avec Charlot de Ribaud (4e), le meilleur cocardier de la Cocarde d’Or 1982, la lutte continue. Chomel coupe la cocarde et le frontal (12 + 2 = 14), et Jacky Simeon enlève le second gland (8 + 2 = 10). Toujours 4 points d’écart. Chomel se concentre seul, à petits pas, les poignets aux hanches. Jacky Siméon reprend son souffle parmi ses amis raseteurs héraultais.

Quand sortit Trajan, qu’on savait plus vulnérable, la tension commença à gagner la piste et les gradins. Le taureau n’arrivant pas à se fixer, la ruée des tenues blanches reprit de plus belle. Jacky Siméon s’empara de la cocarde et Chomel, peut-être un peu paniqué, ne trouva plus ses marques. Jamais en bonne position, il laissa passer de belles occasions et c’est finalement Jacky Siméon qui parvint à s’approprier la 1ere ficelle (4+10=14). Egalité.

A la sortie d’ Aspirant, les deux rivaux ont 14 points chacun. Ça palpite dans plus d’un coeur et la fièvre monte aux arènes d’ Arles. Pauvre Aspirant, quatre minutes suffisent pour le dépouiller entièrement et dans cette débauche d’énergie où les deux hommes se
livrent à fond, Jacky Siméon enlève la cocarde et Chomel le premier gland en deux rasets consécutifs sous les ovations de leurs supporters. Puis Chomel coupe le frontal mais à l’ultime seconde dans un sursaut d’énergie et dans un raset d’engagement total Jacky Siméon ravit la seconde et dernière ficelle et jette les bras au ciel en signe de victoire.

C’était gagné pour l’heureux et pugnace Jacky Siméon.

Que se passa-t-il alors dans la tête de Jacky Siméon? Triomphateur et libéré, mais littéralement épuisé, il alla s’effondrer en
face sur le marche-pied des barrières et éclata en sanglots. Les joues en feu, marquées par l’effort, les yeux mouillés, il vint saluer la foule enthousiaste sous une ovation tonitruante, puis Christian Chomel vint lui toucher la main, mais avec certainement un pincement au coeur.

Bravo Jacky Siméon qui méritait bien cette grande victoire non seulement sur sa rage de vaincre de ce jour, mais surtout pour sa magnifique carrière de raseteur.

Ainsi quand sortit Mitron la Cocarde d’Or était jouée, mais le cocardier des Marquises sut maintenir l’ambiance en sautant vivement après Christian Ménéghini pour semer la panique dans le couloir où il retourna trois fois non sans avoir signé trois ou quatre autres bonnes actions aux planches.

LE PALMARES

1er PRIX ET COCARDE D’OR => Jacky Siméon : 18 points

2ème PRIX  => Christian Chomel : 17 points

3ème PRIX => Robert Archet : 5 points

Prix des Arlésiens => Bailly

Meilleur cocardier de la Cocarde d’or 83 => SEGREN de la manade Fanfonne Guillierme

Compte rendu Marcel Pol – Camariguo Aout 83

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