En rouge et vert, les frères Delbosc

Les frères Delbosc, René et Marcel, sont dans les années 30, amateurs au sein de la manade du Languedoc, d’Arnaud Reynaud.

Les frères Delbosc, propriétaires viticoles du côté de Lunel, ont très tôt attrapé le virus du taureau. En aout 1934, leur passion prend une tournure inévitable en achetant le troupeau de la manade du Languedoc.

Fernand Granon, malade et affaiblit par une triple fracture de la jambe, cède l’intégralité de son bétail aux deux frères courant 1937. Mais uniquement les bêtes, le père Granon ne souhaitant pas céder les terres qui sont les siennes du côté du Cailar.

Par l’achat des deux troupeaux du Languedoc et de Granon, les frères Delbosc s’assurent l’intégralité de plusieurs courses, ce qui déclenche pas mal de jalousie dans le milieu. Quelques mois plus tard, les deux cheptels fusionnent sous une seule et même bannière, bien que deux royales bien distinctes sortent durant quelques années.

Les taureaux des frères Delbosc déplacent les foules en masse. En tête de file, le célèbre Sarraïe suivit par les Capelan, Faisan, Amiral, Cabanon, Languedoc. La jalousie est telle que les manadiers du Cailar reçoivent d’innombrables menaces et courriers anonymes. Des menaces sérieuses. A tel point qu’un jour en Arles, Marcel et son épouse se voient contraints de déjeuner sur la toril des arènes afin de surveiller leurs cocardiers.

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La devise rouge et verte revient en Arles à l’occasion de la cocarde d’or 1938 lors de laquelle les biou Ensella et Charmentoun se distinguent. En 42 et 43, Sarraïe remporte le prix du meilleur cocardier de la Cocarde d’Or.

En 1943, c’est le cocardier nommé Cafetié qui se révèle. Ce taureau doit son nom au fait que lors d’une de ses premières sorties à Lansargues, le cafetier du village lui aurait versé un peu de pastis sur l’encolure. Rapidement comparé au Sanglier, Cafetié était un toro puissant, vif et cogneur, qui n’hésitait pas à traverser les planches aux trousses des tenues blanches.

Les taureaux de la devise rouge et verte paissent alors près du Bois des Rieges, au Grand Radeau, au Château d’Avignon, à Sainte Anne et à la Tour d’Anglas. C’est dans ces près du Cailar que les bious sont les plus à l’abri de la convoitise allemande durant la guerre.

C’est à cette période que René vend l’intégralité de ses pars à son frère Marcel.

Un drame marque la manade et ses gardians après la libération. Le bayle gardian Georges Dehondt et son fils, le petit Georgé découvrent dans les pâturages une grenade oubliée. Les deux pélots sont déchiquetés par l’explosion. Le bruit assourdissant de détonation rassemble taureaux et chevaux autour des dépouilles gisantes.

Secondé par son épouse, Marcel Delbosc, va faire perdurer la bonne tenue de ses cocardiers durant quelques années avant de tomber malade, la faute à une sciatique mal soignée.

Un an avant le décès de Marcel Delbosc, la manade est cédée à un jeune avocat stagiaire…du nom de Jean Lafont.