FRÉDÉRIC DURAND – « Comme tu es dans la vie, tu l’es en piste »

Frédéric DURAND

FRÉDÉRIC DURAND – « Comme tu es dans la vie, tu l’es en piste »

Lui a fait déplacer les foules, remplir les gradins d’aficiouna à qui il faisait perdre tout sang-froid. Qui n’a jamais assisté, vu ou visionné, sa course de folie devant Président de Saumade à Beaucaire, stoppant net, repartant, finissant déshabillé à la barrière. Car oui, Frédéric Durand était de ceux que la folie habitait, se jetant corps et âme dans une seule religion qu’il transpirait à 100% : celle des taureaux.

16 ans après son dernier raset, dans les arènes du Grau du Roi, il nous partage sa vision de la course camarguaise d’aujourd’hui.

Comment étais-tu devenu raseteur alors que rien ne t’y prédestinait ?

Je sors des quartiers de Montpellier, je n’étais pas né dans les taureaux, le premier que j’ai vu j’avais 16 ans. Je suis un peu comme le raseteur Katif, quand je le vois, je me vois. Et puis en emboulés j’étais banal, je me suis révélé en pointes. Mais c’est grâce à Daniel Simeon que j’ai appris à raseter. Il m’a beaucoup aidé notamment parce que je ne savais pas dire non. C’était un mentor. Parfois il était sur les gradins, quand je voyais son regard, je me transcendais. C’est lui qui m’a fabriqué. Après je n’étais pas obnubilé par les points, c’était 50/50.

J’ai fait briller des grands taureaux, fait des gros ¼ d’heure sans prendre de points. Comme ces 15 août au Grau du Roi où je faisais 2 points mais j’avais fait une course énorme.

Qu’est-ce qui t’animait à ce moment-là ?

C’est le danger qui me faisait raseter. J’aime le danger. L’an dernier j’ai pris un chêne en faisant du vélo, je me suis laminé la tête. De tout petit j’ai toujours aimé les risques, je suis comme ça. L’hiver, je faisais quelques courses d’emboulés mais je m’embêtais. J’ai eu un gros coup de corne à Nîmes, sous la bulle et quelques autres, mais surtout beaucoup de coups. Les seules choses qui m’ont remis à l’heure ce sont les roustes. Certaines faisaient plus mal que des coups de corne qu’on peut digérer plus facilement. Pendant longtemps je croyais que j’allais plus vite que les taureaux, que j’étais plus fort qu’eux. C’est pour ça que j’étais un peu différent. On venait me voir comme une bête de cirque parfois. Je m’en foutais. Quand j’étais en blanc j’étais quelqu’un d’autre, un animal (rires). Parfois j’oubliais mon crochet au vestiaire, j’étais ailleurs.

Après 12 années passées au trophée des As, comment as-tu pris la décision de mettre fin à ta carrière de raseteur ?

Le jour où j’ai senti que je n’étais plus à fond. Je n’aurais pas supporté d’être siffler, c’était hors de question. Et puis je ne voulais pas continuer à prendre un engagement sans assumer derrière. D’ailleurs ça m’est arrivé plusieurs fois de rendre de l’argent, c’était ma logique à moi. J’ai toujours essayé d’être bien avec tout le monde, je n’ai pas d’ennemi en Camargue. Pour dire, lors de mon jubilé, l’association des manadiers m’a offert une chemise Souleiado.

Que s’est-il passé par la suite ?

À cette époque j’avais un bar à Lansargues. Je me suis mis à faire du vélo parce que j’aimais ça, et puis j’ai fait de la compétition. Pendant cinq ans j’étais à fond là-dedans. Ça ressemblait beaucoup aux taureaux : il y avait un championnat, donc des points à prendre sur les courses. Je suis un compétiteur. Je ne peux pas faire de sport si on ne gagne pas. Les taureaux m’ont énormément manqué, pendant 5/6 ans je ne pouvais plus aller aux taureaux, j’étais trop malheureux. Ensuite j’ai acheté le Bar des Halles à Vauvert, rien n’y est affiché, je n’en parle pas, les gens s’en souviennent et puis voilà.

Quelles sont les qualités indéniables d’un raseteur en ton sens ?

Le courage. Si t’es courageux alors tu as le mental et tu t’adaptes, tu es capable de digérer les roustes. Certains naissent avec un don, sont forts physiquement, d’autres juste agités dans leur cerveau. Moi par exemple je n’avais pas spécialement de talent, c’était ma façon d’être. Comme tu es dans la vie, tu l’es en piste.

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