Il y a 101 ans…

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BEAUCAIRE – Mars 1920

La course libre. Avant la première – Les courses de bioù données dans les Arènes de Beaucaire, après 5 années d’interruption forcée ont été des plus suggestives. On pouvait se demander comment cette reprise serait-elle accueillie ? La guerre aurait-elle transformé, dérivé ou anéanti cette ferveur populaire, « l’aficion » pour ces spectacles ? L’incertitude du temps, la majoration des prix, la tristesse de l’heure auraient pu, au besoin, être autant d’excuses à couvrir un échec… Mais au contraire, tous ces contretemps et exactions négligés, les courses ont obtenu un succès complet. Que conclure… Si ce n’est que ce goût est profond, tenace, dans toutes les classes de la région méridionale. C’est de l’atavisme pur que le roulement nerveux des tambours a éveillé docilement à l’aurore d’une ère nouvelle.

En vérité, la physionomie des courses, en 1919, n’a été aucunement modifié, soit du côté des spectateurs, soit du côté des acteurs ou amateurs. Seuls les fauves ont été les plus ahuris, sortis d’une retraite si douce pour entrer dans un enfer chauffé à blanc. Donc, même composition du public : enfants turbulents, jeunes gens et jeunes filles heureux de ce z’yeuter ! Hommes et femmes amoureux surtout du spectacle attendu, raseteurs aussi alertes, aussi vaillants qu’avant leur mobilisation, amateurs bénévoles ou improvisés : enfin toute cette tourbe de matamores, vivant dans la piste ou les barricades, aspirant au bonheur suprême de saisir… la queue de l’animal…

Les courses, elles-mêmes ont présenté leur allure d’antan, leur attrait, leur intérêt avec des imprévus hilares autour des arènes, dans les platanes à la frondaison abondante, ont été décapités sans merci, se trouvaient réunis dans une attitude complaisante jardinière des ruraux, voiture des pelos, autos des châtelains et bicyclettes des jeunes. Quoi ! Dans cette amalgame, toutes les classes, toutes les conditions sociales venant ainsi attester, dans la plus grande animation et la plus parfaite solidarité, ce fond atavique puissant, resté intact dans l’âme méridionale, bien que meurtrie à son tour, par les événements.
Convenons-en… la force de cette affection et toute la participation libre, directe, constante du peuple aux éléments constitutifs du spectacle ! C’est lui l’initiateur de son plaisir qui se déroule sous le ciel bleu où le rire est à loisir, large, retentissant. Donc de cette liberté, de cette aisance, de cette action directe et égalitaire même qu’est faite et alimentée cette ferveur populaire pour les courses libres toujours en honneur.
C’est bien en vain que de, tout temps, on a essayé de transformer les arènes pour d’autres objectifs que les courses libres dont la préférence populaire, indiscutable, a survécu même aux tourmentes politiques Feu le Pouly, qu’on a surnommé à juste titre le « premier toréador français » dont la réputation est née dans nos arènes, l’avait bien compris, car c’était un homme aussi habile qu’observateur. Il avait su ordonner gracieusement les qualités d’adresse, de hardiesse, de folle et galoïe témérité de la race qu’on trouve dans la course provençale.

La course libre… ça cadre bien avec notre ciel bleu, avec notre température exubérante, notre caractère indépendant, frondeur, et de même avec notre esprit galéjeur !
Aussi est-elle avec nous de toutes nos fêtes… Puisqu’elle est dans nos cœurs…
A.BLANCHARD

LUNEL – fin mars 1920

Le bétail de Charles Combet.
La saison actuelle est, de toute l’année, la plus mauvaise pour le bétail de course. Celui-ci, encore revêtu de son poil d’hiver, paît une herbe nouvelle qui a pour effet de renouveler le sang de l’animal mais aussi de l’amollir pendant cette période de transition.
Malgré cela, les taureaux défendirent bien leurs cocardes et tinrent tête à la nuée de raseteurs qui les assaillirent.
Un incident se passa. La grève des bras croisés parmi les raseteurs se manifesta dès le début. Ils voulaient que la direction portât de 200 à 300 francs le montant des primes. Ce Soviet d’un nouveau genre fut contestable. Il appartient à nos clubs de régler le différend d’après nos usages et nos desiderata locaux et de mettre tout en place dans un véritable esprit de justice. Un public nombreux s’entassait dans les arènes ce qui donna revendications des savetiers une certaine apparence de logique. En fin de compte, ils furent deux seulement qui turbinèrent, Navarito et quelque peu Castella.
Le Guillaume a sa cocarde coupée et envolée par Castella.
Le Duc abandonne la sienne à Azaïs, au premier raset.

L’Assiette coupe la ficelle du Dogue. Azaïs bousculé par le fauve à son pantalon déchiré, Navarito tout en sauvant son camarade s’adjuge les rubans.
Le Baraque abandonne ses couleurs à Navarto, Castella tranche la ficelle.
Au premier coup, Navarito décoiffe le Ravachol.
Le Pescaluna (gras comme un petit cochon) se défend très bien mais Navarito tranche la ficelle que Paulette enlève.
La Direction intelligente paya les primes la moitié plus que ce qu’elle avait annoncé gagnées ou non. Quant à l’orchestre, il fut des plus satisfaisants. Le nouveau jury très à la hauteur de sa tâche. Olé ! Pour eux.
PESCA-LUNA
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