INFO FÊTES VOTIVES // Les voitures de fête, c’est fini … (SOURCE MIDI LIBRE)
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Le lieutenant-colonel Rougès est le commandant de compagnie de gendarmerie de Vauvert. Il explique les raisons de cette décision.
Comment avez-vous relayé la décision de Didier Lauga, préfet du Gard ?
Notre première action a été de réunir les maires des 37 communes sur lesquelles intervient la compagnie de gendarmerie de Vauvert, le 14 février dernier, afin de dresser un bilan annuel et aborder la problématique des voitures de fête et leur interdiction dans les fêtes votives.
Et quelle est votre position sur le sujet ?
Le préfet du Gard a rappelé le 10 octobre dernier, après l’accident du 7 octobre à Aigues-Mortes, qu’aucune tolérance ne serait désormais admise et que les forces de l’ordre seraient mandatées pour immobiliser et verbaliser ces véhicules s’il y en avait. Nous espérons ne pas en arriver là.
Pourtant, dans certains villages, elles font partie intégrante de la fête…
N’empêche que ces voitures ne devraient pas pouvoir circuler sur la voie publique. Elles ne sont pas en état. Et même si certaines possèdent une assurance en bonne et due forme, elles ne sont en fait pas assurées puisqu’elles ont subi de nombreuses modifications afin de tracter plusieurs personnes.
Imaginez ces véhicules hors contexte. Imaginez le nombre d’infractions commises ! Dans n’importe quel autre cas et pour une seule de ces infractions nous sanctionnerions les auteurs.
Les maires ont essayé d’imposer des cadres, mais nous avons bien constaté, notamment l’an dernier, qu’ils ne suffisent pas pour éviter un accident.
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Comment allez-vous procéder cette année ?
Nous serons à nouveau présents sur toutes les fêtes votives et nous serons intransigeants : pas de voiture de fête ! Nous préférons prévenir en amont pour que les festaïres trouvent autre chose. Certains y arrivent très bien. D’ailleurs, sur 37 communes concernées, il n’en reste que sept à produire encore des voitures de fête. Faire sans est donc possible.
Sept communes
Sur les 37 communes qui organisent des fêtes votives, sept ont encore des voitures de fête : Aigues-Mortes, Saint-Laurent-d’Aigouze, Aimargues, Vauvert, Le Cailar, Beauvoisin et Le Grau-du-Roi. Ces voitures sont plébiscitées par les bandes de jeunes des villages. Bien avant la fête, elles sont préparées et décorées aux couleurs de la bande. Pendant toute la fête, elles circulent sur le tracé des abrivados et transportent les jeunes des prés vers les arènes. Ces véhicules excentriques ont été tout de même soumis à certaines règles comme le contrôle technique.
Quelle est votre réaction quand on vous reproche de vouloir tuer la fête et les traditions ?
Je réponds que la gendarmerie est une institution de traditions, créée il y a huit siècles. Nous comprenons parfaitement l’importance de ces dernières. Mais dans ce cas précis, les voitures de fête peuvent justement mettre à mal la tradition de la fête votive et même conduire à la disparition des traditions taurines.
Si jamais il y avait un accident mortel, c’est la fête toute entière qui serait arrêtée. Alors nous avons fait le choix de prévenir bien avant le début des festivités afin que nous n’en arrivions pas là. Les commandants de brigade de gendarmerie ont pris contact avec les associations taurines et les clubs taurins afin de proposer des rencontres pour réfléchir à de nouvelles idées pour remplacer ces voitures.
La fête sans les voitures… C’est la fin des traditions
Au Grau-du-Roi : « On veut tuer la fête votive »
« Il y a de plus en plus de restrictions, tempête Victor Granon, le président de la Jeunesse graulenne. Après les horaires de fermeture des bars et les parcours d’abrivado changés, on supprime les voitures. On veut tuer la fête votive, nos traditions sont incomprises ! La fête sans les voitures, c’est comme un match de tennis sans la raquette », poursuit celui qui a le sentiment que « tout le monde paie les pots cassés ».
Le jeune homme rappelle que tout était fait dans les règles : assurance, contrôle technique, déplacement en cortège… Du côté de la mairie, le discours est évidemment plus mesuré. « C’est une évolution inévitable. Tout le monde est maintenant d’accord pour dire qu’il faut faire autre chose », explique le maire Robert Crauste.
Il y aura des solutions alternatives, une réunion va être organisée fin avril avec les jeunes, le comité des fêtes et les forces de l’ordre. « La fête votive gardera son âme, assure Nathalie Gros, adjointe aux traditions. Dans les années 50, on faisait la fête sans voiture. Pour moi, interdire les taureaux dans les rues, ce serait ça la fin de la fête. » La Jeunesse graulenne mijote déjà une surprise. Allez, Victor Granon, nous souffle un indice : « On a de la chance par rapport aux autres, on est au bord de l’eau ! »
Saint-Laurent-d »Aigouze » : « On n’ira plus aux prés »
« S’il n’y a plus de voiture de fête, la jeunesse n’ira plus aux prés surtout quand ils sont à 7 km », prévient Thomas Pagnon, président de l’Avenir saintlaurentais et président, depuis janvier, de l’Union des jeunes de Provence et du Languedoc pour les traditions.
Il résume un sentiment partagé : « C’est la faute d’Aigues-Mortes. La jeunesse là-bas se croit tout permis. On avait élaboré une charte de bonnes pratiques en 2016, tout le monde l’a signée sauf Aigues-Mortes ! »
Pour Thomas Pagnon, « ces voitures, c’est l’esprit même de la fête. C’est dommage que les maires n’osent pas se mouiller pour défendre nos traditions en préfecture ».
Romain Maynadier, président de la jeunesse de Vauvert, renchérit : « On ne s’attendait pas à ce que tous les villages trinquent. Nous, on avait une vingtaine de voitures, on ne pourra plus défiler pour le toro de fuego… »
À Saint-Laurent, les jeunes ont proposé au maire des véhicules neuf places décorés par chaque bande. « Ici, les voitures de fête étaient déjà interdites en zone urbaine. On verra si la proposition est validée par la préfecture pour aller aux prés », explique le maire Laurent Pélissier. « Ce qui s’est passé à Aigues-Mortes devait arriver. Mais l’esprit de la fête votive n’est pas mort. On va s’adapter. »
À Saint-Gilles : un corso avec des chars
Eté 2017. Un mois avant la fête votive, la gendarmerie fait comprendre à la commune de Saint-Gilles que les voitures de fête ne sont plus souhaitées. Ambiance tendue. Dès janvier 2018, la mairie a planché à une alternative. « On a pris les devants et travaillé pour présenter aux jeunes un message positif, pas juste une interdiction qui les aurait braqués », explique Benjamin Guidi, élu aux festivités.
Bien sûr, ça a râlé un peu, « mais on a réussi à faire comprendre à tous que les voitures de fête étaient hors la loi, point barre », lance Clément Bouchet, président de la Jeunesse saint-gilloise. Les véhicules transformés interdits et dangereux, la ville propose aux jeunes un corso avec des chars décorés par les bandes. « On a organisé le concours du plus beau avec des bons d’achat à gagner, la mairie aide les jeunes à financer leur char », explique l’élu.
Été 2018, les chars entrent en scène « pour l’aubade, pour l’abrivado des prés et revenir en ville, les jeunes ont bien joué le jeu, des bandes y sont allées à vélo, d’autres à pied. L’esprit de la fête a été préservé », se félicite Benjamin Guidi. « Si au début, certains l’ont fait à contrecœur, finalement l’ambiance était là », admet Clément Bouchet. Cet été, ce sera la deuxième fête votive sans voitures et tout le monde espère qu’il y aura encore plus de chars.
SOURCE MIDI LIBRE
KATHY HANIN ET ALISSANDRE ALLEMAND