Du rêve à la réalité
Jacky SIMEON
Jacky SIMEON, du rêve à la réalité. Article de La Bouvino de Août 1983, N°39. Reportage Photo de Naval. Il en rêvait depuis longtemps. Depuis sa prime adolescence où avec 3 autres peyrolens (Patou CHRETIEN, Dominique et Robert MASELLI), il se réunissait sur la place du village, toujours sous la même fenêtre. La, il parlait long-temps. Immanquablement et inlassablement il discutait taureaux.
Le Samedi 2 Juillet 1983 à 19 heures 12, 11 ans après ses débuts en piste (qui eurent lieu le 7 juillet 1972), le rêve de Jacky SIMEON est devenu réalité. Jacky SIMEON remporte pour la 1ere fois de sa carrière la COCARDE D’OR. Juste et méritée récompense pour ce raseteur à qui la course camarguaise doit beaucoup. Ceux qui ont suivi Jacky et ses frères tout au long de la saison 1973 peuvent en témoigner. Un public immense, enthousiaste, partisan va d’arènes en arènes, inventer « la SIMEONITE » et dynamiser la course camar-guaise.
L’avenir de Jacky s’annonce exceptionnel.
Hélas, une persistante et ennuyeuse blessure à l’épaule perturbera toute sa carrière. D’opérations en rééduca-tions, Jacky ne peut réaliser de saison complète. Pourtant, son courage et son aficion vont forcer l’admiration. Chaque fois, il retournera en piste pour y affronter des taureaux avec son style si particu-lier. Il réussira aussi à se constituer un palmarès (Palme d’Or, Trophée des As), bien modeste à côté de celui que son talent pouvait lui laisser espérer. Pire, il verra le public qui l’a longtemps acclamé, se détourner de lui pour soutenir une nouvelle idole pétrie de talent et de classe.
Grâce à son aficion, grâce à son courage et grâce aussi à une certaine dose de philosophie, Jacky SIMEON s’obstine. Contre vents et marées. Avec raison.
Le Samedi 2 Juillet, dans la chaude lumière d’une éclatante journée d’été, Jacky SIMEON pleurait de joie. Cette victoire – sa plus belle victoire – gommait tous ses déboires. Qu’ils étaient loin les moments de doute, de déception et de douleurs. Le chemin de l’adolescent qui rêvait sous sa fenêtre s’était enfin pavé de bonnes inten-tions.
La Bouvino – Cette victoire à la COCARDE D’OR vous a-t-elle apporté votre plus grande joie taurine ?
Jacky SIMEON :
« Jusqu’à pré-sent, je conservais un souvenir extraordinaire de la course d’Août 1973 à Sommières où courait MAR-OUIS (Laurent). J’étais si heureux, ce jour là, qu’en rasetant, j’avais les larmes aux yeux. Mais, je dois avouer que cette victoire à la
COCARDE D’OR m’a apporté ma plus grande joie taurine. Cette victoire à la Cocarde d’Or, j’en rêvais depuis toujours. J’en suis d’autant plus heureux qu’elle a été acquise à la toute dernière minute après un long suspens ».
L.B. – Jusqu’à ce jour, quelle était votre meilleur place ?
J.S. – « J’avais terminé 3e à trois reprises.
L.B. – Vous étiez-vous préparé spécialement pour cette Cocarde d’Or?
J.S. – « Non, mais habituelle-ment, à la mi-juin, je ressens toujours un léger claquage. Cette année, je suis en bonne condition depuis le début de la saison. Je suis donc arrivé à Arles en forme ».
L.B. – Etes-vous rentré plus motivé que d’habitude ?
J.S. – « Je suis toujours motivé quand je cours une Cocarde d’Or.
L’étais-je davantage cette année ? Je ne le pense pas. Sinon que je savais que l’édition 1983 représentait un de mes derniers espoirs de victoire.
Certes, d’autres raseteurs l’ont gagné à un âge plus avancé que le mien, mais c’était probablement cette année ou jamais ».
L.B. – Chomel est resté en tête de bout en bout. Il eut même par moment 4 points d’avance. Avez-vous toujours conservé bon espoir ?
J.S. – « J’y ai toujours cru car l’écart entre CHOMEL et moi n’a jamais été tellement important tout au long de la course ».
L.B. – La réaction du public vous a-t-elle surpris ?
J.S. – « Je rasète depuis plus de 10 saisons. Aussi, j’ai appris à prendre les choses avec philosophie. Il y a quelques années en arrière, le public me soutenait et m’encourageait fortement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui bien que je conserve un bon nombre de fidèles supporters. Mais, la réaction du public ne m’a pas gêné à la Cocarde d’Or. l’ai raseté selon mes moyens, sachant que celui qui lève le plus grand nombre d’attributs gagne ! ».
L.B. – Dès le verdict, on a vu CHOMEL venir vous toucher la main. On dit pourtant que vous n’êtes pas en bon terme tous les deux.
J.S. – « L’attitude de CHOMEL a été très correcte. Ce fut celle d’un raseteur loyal et sportif.
Dire que nous ne sommes pas en bon terme tous les deux est absolument faux. Certes, nous ne sommes pas des intimes. Je tiens à ajouter aussi que Christian CHOMEL est, selon moi, le meilleur raseteur du moment ».
L.B.- Cette victoire à la Cocarde d’Or va-t-elle modifié votre avenir taurin ?
J.S. – « Pas du tout. Je souhaite continuer à raseter pour mon plaisir et être aussi en forme que cette saison ».