La réaction des manadiers à la « très » forte augmentation des assurances
Réunis hier matin à Nîmes, les manadiers ont décidé de contre-attaquer pour préserver la culture camarguaise bousculée par l’augmentation du prix des assurances. Pour rappel, cette augmentation « extrême » est liée à la compagnie d’assurance Groupama qui assure 80 des 120 manades. Une situation très délicate avec une cotisation jusqu’à 5 fois supérieure à 2019. Ce qui pourrait compromettre de nombreuses festivités.
D’autant plus que d’après quelques comités des fêtes contactés par Toril TV, cette incroyable augmentation pourrait toucher également les organisateurs. Par exemple, le CT de St Hilaire de Brethmas, après un appel à leur compagnie d’assurance (Groupama) a eu une bien mauvaise surprise. Son président Jérémy Novara nous explique : « Nous avons contacté notre assurance. L’an dernier, pour 2 abrivados longues, 3 bandidos et 2 encierros, nous avions payé 1050 €. Nous n’avons eu aucun sinistre. En 2020, notre assurance nous réclame 17 000 euros pour 2 abrivados longues, 3 bandidos et 2 encierros. L’abrivado longue du matin étant la plus chère car nous devrions payer 6000 € la longue ».
Une augmentation « extrême et alarmante » pour nos traditions.
Communiqué de la Fédération des Manadiers :
La situation grave qui frappe les manades, les organisateurs et l’ensemble du monde de la Camargue est la conséquence d’un choix unique, délibéré et acté, de faire évoluer les cotisations d’assurance vers une hausse démesurée.
Une manade repose sur un équilibre très fragile : impacts climatiques, accès au foncier, sécheresse et inondation, enjeux de transmission, tourisme en mutation et une activité culturelle couteuse.
Se soumettre c’est disparaitre.
Ce choix imposé par une assurance qui se voulait mutualiste, à l’écoute du monde agricole démontre le contraire pour plusieurs raisons :
Avant tout car les manadiers sont des éleveurs, des relais de premier ordre dans le maintien de la biodiversité et dans la transmission de notre patrimoine culturel.
Notre Bouvino repose sur une poignée de femmes et d’homme : 120 manades qui assurent l’élevage de 18000 taureaux et 10 000 chevaux, entretiennent 25 000 hectares en zone protégée.
L’activité des manades tient par un fil.
Cette décision de Groupama fait peser une forte menace sur l’équilibre et la vitalité économique de nos territoires, de nos régions ensoleillées par la Bouvino qui rassemble, unit et créer le lien humain.
C’est pour toutes ces raisons que j’appelle les organisateurs, les collectivités, les communes, les comités des fêtes et les clubs taurins à ne pas plier sous un esprit d’abandon.
Ainsi, je vous appelle à nous rejoindre et à nous suivre pour créer ensemble les réponses aux mêmes obstacles dressés par Groupama.
Enfin, n’oublions jamais que nous représentons une exception culturelle, tout un art de vivre qui est en péril.
Par ce procédé, Groupama s’attaque à la jeunesse, à la transmission car les abrivado (3000/an) constituent le premier accès au taureau avant d’aller aux arènes.
Le culte du taureau, dans ses territoires d’expression, pèse bien plus lourd que les 40 millions d’euros qu’il génère.
Il façonne notre société depuis des millénaires, et plus que jamais, face au risque d’une société aseptisée et déracinées, notre culture structure nos territoires.
Chacun de nous est le porteur de la culture singulière de la Camargue. C’est pour cela que c’est ensemble que je vous appelle à agir pour notre avenir.