Jean LAFONT
Montago
Le cocardier « MONTAGO » de la manade Jean LAFONT portait le numéro 303. Il était donc né en 1953. Fils de la vache Michèle, elle-même fille de FLORA. Deux bonnes vaches cocardières de pure race COMBET-GRANDON.
L’anouble 303 fut baptisé MONTAGO parce qu’il était né dans un pâturage au Nord-Ouest du GRAU-DU-ROI au lieu dit « MONTAGO ». Où paissaient en ce temps-là, taureaux et chevaux camarguais. Alors que maintenant ce « pays » est occupé par les immeubles du Boucanet.
Et quand Jean LAFONT passe dans une de ces nouvelles rues. Il lui arrive de dire à ceux qui sont en sa compagnie. « C’est ici qu’est né en 1953 MONTAGO » d’où des regards de surprise et parfois de regret, de nostalgie voire d’angoisse car à notre époque les pâturages à taureaux et chevaux camarguais s’amenuisent chaque jour d’avantage.
Mais vint l’heure pour MONTAGO d’aller dans une arène. En 1956, ternain, il ne fait que sauter et courir en tous sens, emporté par son sang généreux et ne prend que quelques rasets dans ses fins de courses mais alors pousse bien jusqu’au pourtour.
En 1957, à REDESSAN et à ST CHRISTOL, il continue d’arpenter la piste sans jamais se fixer et franchit les barrières comme à plaisir. Mais, durant les dernières minutes, assagi et moins mobile, il peut être enfin raseté dans de bonnes conditions. II répond alors rageusement à tous les actes, réalise de bonnes enfermées et de rapides poursuites, pousse jusqu’aux planches où il saute après l’homme ou signe de vigoureux coups de barrière.
A Redessan, il fait si bonne impression qu’on voudrait le baptiser Redessanais, mais le baile gardian de l’époque, Marceau Tourreau répond que le taureau est déjà baptisé « MONTAGO », et que ce nom lui plait. On en reste là.
En 1958, MONTAGO saute moins, répond mieux, et ses courses vont toujours crescendo, ce qui plait énormément au manadier Jean LAFONT. A ST CHRISTOL, notamment, pour la fête, il confirme ses qualités de futur grand cocardier et ses brillantes dispositions aux barricades.
A VAUVERT, en Août, il est encore meilleur et conserve ses ficelles pourtant primées à 100.000 anciens francs, somme très importante pour l’époque. C’est une course mémorable et MONTAGO termine en apothéose sous les ovations du public enthousiaste. C’est naturellement le départ de MONTAGO pour une grande carrière de cocardier.
Le 28 Octobre 1958, pour la cloture de la temporada, MONTAGO va à LUNEL, piste de grande renommée en ce temps-là, et, face aux as du crochet, réaffirme ses grandes qualités de cocardier, brillant et spectaculaire.
En 1959, MONTAGO est incorporé dans la super-royale de la fameuse devise verte et rouge, avec NOEL, FURET, JANISSAIRE, OTHELLO, AFRICAIN, PERDIGAOU, CONSE. Il court à LUNEL, NIMES, ARLES, BEAUCAIRE, CHATEAURE-NARD, GALLARGUES et a MOURIES où il est particulièrement émotionnant et spectaculaire. II a d’ailleurs le plus souvent les honneurs du titre de la presse taurine et sa renommée va naturellement en grandissant.
En 1960, il devient le cocardier vedette de la super-royale. II triomphe partout, blesse Félix CASTRO au cou à MOURIES, puis va à la Cocarde d’Or à ARLES avec GITAN, FURET, CABRIAN, PEDRO, CAILAREN I, le manadier Jean LAFONT ayant ac-cepté, cette année-là, de fournir seul les six meilleurs cocardiers de sa super-royale pour cette terrible «Cocarde d’Or ». Les cocardiers de Sainte Anne surent certes tirer leur épingle du jeu mais cette expérience ne se renouvela pas.
En 1961 et 1962 MONTAGO continue sa belle carrière de cocardier. Brille dans les plus grandes pistes toujours aussi rapide et spectaculaire.
Le 29 Avril 1962, à NIMES, MONTAGO est encore le meilleur d’une super-royale. Brillante et homogène avec CABRIAN, FURET, VAUVERDOIS, GOBELET et MARIO.
Le 20 Mai 1962, il gagne le Grand Prix de la ville d’ARLES. Toujours en 1962, il participe à plusieurs grands concours de manades et à chaque fois fait honneur à sa devise.
En 1963, il triomphe encore à LUNEL, NIMES, MOURIES et surtout à BEAUCAIRE où le chroniqueur de service le trouve éblouissant.
MONTAGO a 10 ans, il n’est plus le fougueux jeune taureau de ses débuts, il a pris du vice, il est devenu plus sérieux, plus réservé mais il est toujours très rapide et brillant à la barrière. Ses enfermées, ses coups aux planches font merveille.
En 1964, MONTAGO continue sa carrière de cocardier mais il n’est plus aussi régulier. Il lui arrive même de décevoir les aféciounado. C’est le déclin qui commence et ses courses vont désormais s’espacer. D’autant plus que la relève a été assurée dans la manade Jean LAFONT avec les GOBELET, MARIO, , VIRGILE, LE-BRAOU, GITAN, CAILAREN dont nous parlerons ultérieurement. Mais MONTAGO a été de la grande époque des SOLER, FALOMIR, SAN JUAN, PASCAL, CANTO, et il fallait vraiment être un grand cocardier pour résister à tous ces as du crochet.
MONTAGO a donc été de cette lignée des meilleurs taureaux de la fameuse devise verte et rouge.
Article tiré du CAMARIGUO revue de la Camargue – N°68 – article rédigé par M. POL.
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