Lundi 26 juillet 1982. La finale de la Palme d’or sous un soleil de plomb attire les foules en masses. Le plateau niveau « bious » est copieux. En piste, les tenues blanches s’apprêtent à livrer une bataille vibrante, palpitante, saine. Nous sommes loin encore de la triste décadence enclenchée, où réenclenchée de nouveau trente-sept ans plus tard…
Revenons-en aux faits.
Soleil éclatant, chaleur, mistral, poussière, raseteurs et taureaux au firmament.
Et çà attaque fort. Scorpion de Blatière, nommé ainsi du fait de l’orientation de ses bannes et commis d’office afin de calmer les ardeurs des pietons. Il n’en fera qu’à sa tête, courant beaucoup, sans guère de panache. Castro l’invita bien à quelques à-coups, sans plus.
Sultan de Laurent, sait jouer du chef. Il en use plus qu’il n’en abuse, surtout sur la droite, son côté de prédilection. Il fuse, sans aller au bout. Ferrand lui lève habillement les deux glands et Chomel, ficelle dans le crochet prend déjà de l’avance sur Castro.
Avant la pause déboule le timide Monarque de Fabre Mailhan. Il fuit le combat dans les premières minutes, ce qui lui valut d’être dépouillé de ses principaux attributs en quelques secondes à peine. Chomel le fait briller sur un long raset et cette première partie s’achève timidement.
Après une mousse bien fraîche à la buvette des arènes, c’est le vaillant Farfadet, de Lafont qui va mettre en échec les tenues blanches. Il selectionne et ajuste son coup de revers criminel douze minutes durant. Le gaucher Patrice Meneghini brille en empochant les deux glands, alors que Tognetti, Ferrand et Barbeyrac manquent d’adresse. Dangereusement enfermé, Chomel se tire d’une belle secousse. Les ficelles rentrent telles quelles au toril et l’air de Bizet raccompagne le valeureux pupille de la Tour d’Anglas.
La grande vedette de la devise rouge et verte était attendue. Et Ourrias à déçu. Il promena un quart d’heure durant, les tenues blanches d’un bout à l’autre de la longue piste beaucairoise. Il sélectionne, et impressionne toujours par son sens de l’anticipation, mais ne termine jamais ses actions. Chomel, Causse et Castro le sollicite, sans brio. Chomel sur un magnifique raset maison, chute devant le marchepied, mais Ourrias dans un piètre jour ne suit pas et regagne le toril sous une division d’opinions.
Une minute, c’est le temps qu’il fallut aux « rasibles » pour lever cocarde et glands à Mitron de Laurent. Le cocardier des Marquises passe la tête après Martel et Causse, mais refuse beaucoup. Rado l’invite à la barrière par trois fois, sans grande conviction. Le salut du porteur de la devise blanche, verte et rouge viendra comme souvent de Chomel puis de Ferrand pour de beaux rasets faisant oublier le reste.
Vallespir de Blatière ne sera pas plus bousculé dans un premier temps. Petit à petit le cornu venu de la route des Iscles se chauffe et bombarde les planches derrière Rado, Chomel et Causse qui sentit les cornes acérées de près. Aux ficelles c’est le calme plat, comme un avant-gout des années présentes… Chomel, en leader fait taire les sifflets par ses courses engagées à la tete de ce bannu aux accents criminels.
Enfin, ce final marathon touche à son terme avec la sortie de Fourcaten de Fabre-Mailhan. En 8 minutes de course, le jeune taureau des Bernacles sera bravement consentit par les tenues blanches, et termina cette finale de Palme sur une bonne note, ne rechignant pas à passer le poitrail au-dessus des barricades.
Une finale en somme, pas des plus spectaculaires. Côté bious ce n’était pas la grand-messe certes, mais les hommes n’ont guère forcé à l’image d’un Christian Chomel tout en gestion. Le bonheur est venu de Patrick Castro, toujours autant incisif dans cette piste beaucairoise. A gauche, Ferrand, Tognetti et Causse eurent de bons passages, sans plus.
Le palmarès de cette édition 82 couronna Christian Chomel, le chevelu de Grans avec 59 points soit neuf de plus que son dauphin Patrick Castro. Le gaucher Thierry Ferrand s’y classa troisième avec 42 points. Chez les quadrupèdes c’est les manades Lafont pour Farfadet et Fabre-Mailhan pour Fourcaten qui furent mises à l’honneur.