RAMI, taureau de légende

Rami, un taureau de légende et une carrière de plus de quinze années.

Un palmares long comme le bras, avec notamment deux Biou d’or en 1969 et 1971. Il réalisé le doublé Biou d’or-Cocarde d’or en 1971 et aurait pu prétendre à un troisième sacre suprême en 70 et 72.

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Comme Goya en son temps, Rami fut l’un des plus grands cocardiers de l’histoire de la Course libre.  Des cornes en lyre, hautes, longues avec un port de tête royal, reconnaissable entre mille.
En piste comme dans les coursives, Rami inspirait un profond respect, il était craint et admiré. Les hommes tremblaient à l’idée de l’affronter.

Pour nombre d’aficiounas, Rami possédait une intelligence hors du commun. Il repérait rapidement l’endroit de la piste d’où il pouvait « mestréger ».

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Sur les rasets, son anticipation était comme foudroyante et coursait les hommes à la vitesse de l’éclair malgré son gabarit imposant. Ajoutez à cela des déplacements judicieux et une combativité à toute épreuve…

Rami, fut dans l’histoire, le taureau qui de par son intelligence, savait décupler toutes ses qualités.

En 1967, à trois ans, il entre dans la piste de Mauguio pour sa première course la première d’une carrière longue de 16 ans de courses ! Un record jamais égalé dans l’histoire de la course camarguaise. D’autant que Rami, n’était pas de ces taureaux que l’on ménage.

En un seul été, il lui est arrivé de sortir dix-sept fois et de se battre dix-sept fois avec la même determination, la même hargne à une époque où on ne parlait pas de limiter le nombre des raseteurs en piste. Il est arrivé à Rami de se trouver face à 55 tenues blanches sans perdre le fil de sa course, tout en domination.
Il trouvait toujours la solution pour s’imposer et en imposer aux hommes du surcroit face à des raseteurs de grand talent : Castro, Dumas, Pellegrin… puis  Siméon, Rado, Lopez… jusqu’à Christian Chomel. Lever un attribut à Rami relevait de l’exploit, et l’argent dans ce cas ne comptait guère.

Marcel Mailhan, le manadier qui a eu la chance de voir naître ce taureau d’exception dans son troupeau se souvient « de cette Palme d’Or à Beaucaire où il a sauté plusieurs fois d’un côté à l’autre des barrières et a bousculé dix-sept personnes. Heureusement il n’était pas trop méchant. Quand l’homme était à terre, il ne s’acharnait pas. »

Un véritable seigneur des pistes… qui se laissait manipuler tranquillement en pays. Brave, paisible il se détachait sans encombre du troupeau pour filer vers le char et sa prochaine course de roi.

Mais il arrivait parfois que Rami se fasse désirer. Quelque fois il arriva au pélot de chercher son cocardier vedette qui se cachait derrière les tamaris des Cabannes de Romieu. Il fallait le « quicher ». Un comportement comme signe annonciateur que Rami allait être moins fringuant ce jour-là. Mais les occasions furent rares.
Mais quand il avait envie, alors là, personne n’égalait Rami. Il faisait le tour de la piste, mesurait, humait les hommes transpirants d’angoisse, il se plantait invariablement à droite du toril et attendait tranquillement les hommes… qui souvent ne venaient pas.
Il est arrivé à Rami de rentrer aux Bernacles cocarde et glands intacts. Et quelques records que seul Goya a battus : une cocarde sortie intacte de l’arène de Marguerittes et qui avait atteint la somme de 5.500 francs, en 1975 !

En 1982, âgé de 18 ans, Rami fait ses adieux aux pistes et aux aficiounas qui l’ont tant applaudi et aux raseteurs qui l’on tant combattu dans les arènes de Marguerittes.

Pour qu’il y finisse ses jours paisiblement, comme Goya chez Paul Laurent, comme Ventadour chez Jean Lafont, comme tous ces grands taureaux de légende qui ont servi la cause de la Bouvine, Marcel Mailhan le lâche dans ses près des Cabanes-de-Romieu.

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Lors d’une finale du Trophée Taurin à Nîmes, les organisateurs avaient décidé de présenter en piste les Biòu d’Or retraités dont Rami. Deux tours de piste et, ensuite, il prit position à gauche de la présidence, à deux mètres des planches et attendit que les hommes viennent à lui.

Aujourd’hui encore pour les plus anciens d’entre nous, Rami reste Rami, l’immense cocardier marqué de la croix de Camargue.