Le père de Vovo faillit s’appeler Tigre, en souvenir de sa mère Tigresse mais comme bien souvent on lui attribua le nom de celui qui réussi à l’attraper et le coucher en ferrade. Il s’agissait de Monsieur Aurillon, régisseur au mas de la Mourade. Un parrain heureux qui a baptisé un des plus grands taureaux de la manade et de l’histoire.
Régisseur était un taureau au comportement presque bipolaire, tendre et noble dans les près de la manade et il arriva quelques fois qu’au lendemain d’une course Marcel ou Jean Raynaud lui retire les attributs restés au bout des cornes tandis qu’il mangeait paisiblement son grain. Mais dès lors qu’il entrait en piste le cocardier à la devise rouge et bleue devenait un véritable lion. Agressif, criminel, meurtrier.
Regisseur fait sa première apparition publique, sous son nom en 1951 à Lunel où il révèle ses qualités en répondant à tous les cites venus de droite et de gauche, accompagnant chaque adversaire jusqu’aux planches avec une puissance inouïe. Les premières arrivées fracassantes.
Le 25 avril 1953 aux Saintes-Maries de la Mer, les tenues blanches pensent avoir rectifiés la bestialité de Régisseur qui se montra très mobile jusqu’à la 8me minute. A mi-course, le cocardier se fixa, cul aux planches, les hommes les plus téméraires allant à sa rencontre furent raccompagnés avec fracas de bois. Successivement André Doulaud, Tosi, Ruiz mais surtout Volle et encore Douleau goutèrent à la méchanceté de Régisseur. Lucien Volle fut d’ailleurs blessé au cours d’une enfermée. Dans foulée, le cocardier du Grand Radeau se montre intraitable en Arles le 12 mai, blessant notamment le raseteur Benedetto.
Le 25 mai 1954 à Lunel, il est présenté dans la royale avec Albinos, Cerf, Évêque, Jaloi et Colonel pour un succès colossal. Régisseur se montre impérial, comme intouchable, et c’est à nouveau Douleau qui fut son adversaire le plus sérieux.
Le 13 juin suivant à Beaucaire, la royale triomphe devant 40 raseteurs et une arène bondée. Régisseur fut maître de la course pendant son quart d’heure. Coups de barrière explosifs, enfermées à répétition surtout sur Douleau, Volle, Fidani et Garric. Le tout devant un public en liesse.
Le 19 juin 1956 Méjanes, pas moins de vingt coups de barrières sont comptabilisés sur Falomir, Lopez, Benedetto, Plagne. Le jeune et courageux raseteur Léo Dupond lève la cocarde à 17 000 Francs, tandis Garric et Lansac prennent les glands à 2 000 F et 20 000 F.
En 1957 au terme d’une saison qualifiée de « monumentale » par la presse spécialisée Regisseur remporte le titre suprême du Biou d’or.
Régisseur demeure comme l’un des cocardiers des plus fameux des années 50, un taureau roi au caractère de feu, qui en aout 1960 peu avant, durant sa dernière saison complète, blesse le raseteur Andre Soler et le prive de la finale du Trophée des As.
La carrière de Régisseur prend fin là ou celle-ci avait brillament débutée, à Lunel en octobre 1961.
Régisseur est mort en novembre 1965 ses propriétaires l’ensevelirent sous une dalle dans la cour du Grand Radeau, là où partent les successeurs du taureau vers les arènes…