ZAKARIA KATIF : « Mon physique me permet de m’adapter à tous les types de taureaux »

ZIKO KATIF

ZAKARIA KATIF

« Mon physique me permet de m’adapter à tous les types de taureaux »

Il est, à 26 ans, l’un des meilleurs raseteurs du haut niveau. Ayant grandi au cœur de l’importante ville de Montpellier, « Ziko » tel qu’il est surnommé, évolue principalement sur les pistes Héraultaises. Pourtant, c’est à chaque fois en Provence qu’il soulève les gros trophées de sa carrière, à l’image de l’Avenir à Istres et du Trophée des As à Arles. Alors qu’il s’apprête à recevoir son deuxième titre dans l’amphithéâtre arlésien, il se confie sur sa carrière et ses ressentis.

  • Quel fut votre parcours dans les taureaux ?

Je suis natif des quartiers de Montpellier et j’ai tout d’abord connu les taureaux aux fêtes de villages alentours. Je me rendais à la Féria de Palavas les Flots, à Vendargues, un peu partout dans des toro-piscine, des encierro, des abrivado… J’attrapais les taureaux, j’avais envie de m’y mesurer. J’aimais bien l’adrénaline, à cette période j’étais un peu fou. Un jour, je suis allé voir une course à Palavas. Sabri Allouani y rasetait, je le connaissais de nom simplement. À partir de là, je me suis inscrit à l’école taurine de Vendargues avec des collègues, c’est comme ça que c’est parti. J’avais 16 ans.

  • Que s’est-il passé par la suite ?

Michel Martin était l’un de nos entraîneurs. Lors de ma deuxième année d’école taurine, je suis monté en ligue. L’année d’après, je gagnais le Trophée de l’Avenir à Istres avant d’intégrer les As en 2014. J’ai remporté ensuite le Trophée des As en 2016. Je me suis toujours classé dans les trois premiers à ce niveau. Au début, c’était seulement pour le plaisir puis, j’ai compris que je pourrais en vivre.

  • Avez-vous subi des blessures depuis le début de votre carrière ?

Je n’ai jamais pris un gros coup de corne mais j’ai eu des blessures plutôt osseuses : j’ai été opéré du pied droit au niveau des orteils et je pense qu’actuellement, au gauche, j’ai un arrachement osseux. Aussi, Estepous de Guillerme m’avait malmené à l’Avenir, j’avais eu le sternum et la clavicule fissurés ainsi que des contusions. Musculairement je touche du bois car, pour le moment, je n’ai pas eu de problèmes. Après, je fais une bonne préparation physique l’hiver avec un ami. Elle porte largement ses fruits car c’est grâce à ça que je tiens tout au long de la saison.

  • Justement, comment s’est déroulée votre saison 2019 ?

J’étais vraiment mal parti au début puis, à force d’enchaîner les courses, j’ai pu prendre un peu d’avance avant l’été. Physiquement je me suis senti bien, outre de petits pépins tel que celui de mon pied qui me gêne un peu. Mais je n’ai pas rencontré de grosses difficultés. Par rapport à ce que j’ai fourni l’année dernière, je suis content de moi. 

  • Gagner un trophée des As, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

J’aime bien gagner. Certaines courses, comme la Cocarde d’Or, ça n’est pas trop mon truc, je ne la joue jamais vraiment comme je devrais la jouer. Je ne me mets pas la pression comme certains. Il est vrai que ce jour-là, tu poses ton cerveau et tu joues ta vie. Je peux le faire mais je ne suis pas encore dans cette optique. Quand il y aura un déclic, je le ferais. Le trophée des As, en revanche, c’est différent. Je le vois plus dans la continuité, je le vise chaque année et j’essaie de le gagner. Ça montre tout le travail de préparation que tu peux faire l’hiver. Selon les courses et les circonstances, je sais tout de même me montrer bagarreur.

  • Rencontrez-vous des difficultés ?

La gestion du mental et parfois le manque de confiance. Je n’ai pas retrouvé 100% de mes capacités comme quand j’avais gagné le trophée de l’Avenir ou durant ma première année aux As. J’étais au top jusqu’en 2016, je prenais plus de risques. Peut-être qu’en prenant de l’âge je prends plus conscience du danger. Il faut toujours s’améliorer et j’aimerais pouvoir reprendre du plaisir sans la pression que nous mettent les personnes de l’entourage des raseteurs. J’ai aussi envie d’apporter au public, mettre l’ambiance et faire du spectacle.

  • Avez-vous un exemple, un modèle à suivre ?

Sabri Allouani m’inspire oui, en tant que raseteur mais aussi en tant que personne car c’est un très bon ami. C’est un monsieur. Quand tu vois son palmarès tu as envie d’essayer de le dépasser mais c’est impossible. Enfin, rien n’est impossible ! (Rires). Pour autant je trouve que je suis sorti d’une bonne génération où tout le monde rasetait. Plus qu’aujourd’hui.

  • Quels taureaux vous ont marqué et quel style d’adversaire préférez-vous ?

J’ai beaucoup aimé Garlan des Baumelles car à chaque fois qu’il sortait, je le rasetais toujours avec une certaine appréhension, mais une « bonne » appréhension. Il me faisait faire des rasets osés ! Il y a aussi Greco de Saint-Antoine, pour cette fameuse finale des As, mais aussi pour toute la bonne saison qu’il avait faite cette année-là. Le jour où j’ai gagné il a été énorme et c’était encore plus beau. Ça s’est fait comme ça. J’aime les taureaux qui se calent et qui anticipent. J’aime bien aussi les barricadiers parce que j’ai une facilité à sauter et je ne suis pas en danger à la barrière. Greco était vraiment mon style, il se tenait, venait fort sur le raset et enfin tapait à l’arrivée. Mais mon physique me permet de m’adapter à tous les types de taureaux.

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